C’était un samedi gris et pluvieux, un samedi qui donne envie de rester au lit à ne rien faire. Mais moi j’étais là, devant la porte du loft de Nathanaël depuis dix bonnes minutes au moins. J’étais emmitouflée dans ma doudoune, le jean trempée mais la tête au sec. J’avais décidée de débarquer à l’improviste en plein milieu d’après-midi, je ne faisais jamais ça d’habitude, je trouvais ça déplacé et sans gène d’arriver comme ça chez les gens et d’interrompre leur vie sans leur demander ce qu’ils en pensaient. Mais j’avais envie de le voir, de lui parler. Nate et moi c’était une drôle d’histoire en fait : une rencontre dans un bar, moi qui était déjà pas mal éméchée, lui qui me paye un verre et une nuit passée sous les draps. Ce n’était pas mon genre, mais je venais de perdre une affaire et l’alcool me montant vite à la tête, j’avais oublié que j’étais quelqu’un de timide. Et puis fallait avouer que quand mon regard s’était posé sur lui, mon cœur avait loupé un voire plusieurs battements. Nathanaël c’était le type parfait : beau, brun, musclé, souriant. Bref, il était parfait. Ce n’est qu’après que j’appris qu’il était mannequin, et d’un coup tout s’expliquait. Mais sur le moment, j’avais littéralement craqué, tout en lui m’avait attiré, son regard, sa voix et l’alcool y jouant sûrement beaucoup, nous avions échangé nos numéros avant de filer chez lui. Les nuits sans lendemain ce n’était pas mon truc, mais cette nuit avec lui avait été totalement différente de ce à quoi je m’étais attendue. Et comme j’étais la reine des cruches, j’avais du repasser le lendemain parce que j’avais oublié mon portable chez lui. De là, nous nous étions reparlés et revus. Les messages fusaient entre nous et bientôt je m’attachais à lui bien plus que ce que je ne voulais bien me l’avouer, c’était la raison de ma présence ici. Il me manquait, et après deux semaines bien chargées à ne pas pouvoir se voir j’avais décidé de passer chez lui.

Une voisine passa, interrompant le flux de mes pensées. « Bonjour, oui c’est un temps à rester au lit, vous avez bien raison. » Je lui souris et elle continua sa route. Bon, c’était ridicule. Je soufflais alors un bon coup et frappais à la porte. J’espérais ne pas le déranger et déclarais de l’autre côté de la porte. « Nathanaël, c’est Eileen. » Je souris en prononçant son prénom et attendis qu’il ouvre la porte. Lorsqu’il le fit, mon sourire s’agrandit un peu plus et je restais un moment sur place, béate. « Salut, j’te dérange pas j’espère. Je passais par là et je me suis dit que .. eh bien que j’allais passer te dire bonjour. » Je me tus, réalisant à quel point j’étais ridicule. Je me mordis la lèvre inférieure et le fixais, il allait me prendre pour une cruche, mais ça faisait tellement de bien de le voir.

Il y avait eu un moment de blanc entre lui et moi, un moment où personne n’avait osé parlés. Nous nous étions regardés silencieusement, chacun de l’autre côté du seuil de la porte. De mon côté, c’était parce que je ressentais un mélange d’excitation et de bonheur à l’idée de le voir, je ressentais des petits picotements dans le bas de mon ventre et une irrépressible envie de sourire. De son côté, je ne savais pas ce qu’il en était mais il sourit et mordit sa lèvre. Une nouvelle fois, la petite voix hystérique dans ma tête se mit à couiner, Nathanaël était un dieu, et lorsqu’il mordit sa lèvre comme ça, mon cerveau se déconnectait. Sa réponse me mit un peu mal à l’aise, avait-il flairé le mensonge ? Se souvenait-il que je n’habite pas par ici et que ce n’était pas du tout sur ma route ? Je pinçais mes lèvres et finis par sourire de nouveau en secouant la tête. « Moi aussi je suis contente de te revoir. » Et puis mentalement, je finis ma phrase ‘parce que tu me manquais’. Les joues un peu rosies, je continuais « Non non, je passais par ici pour une course et je me suis dit que j’allais m’arrêter et prendre de tes nouvelles, comme on a tous les deux été un peu occupés ces derniers temps. » En réalité, nos messages envoyés me donnaient envie de le voir, de passer du temps avec lui et de mieux le connaître. Après m’avoir intensément fixé, il s’écarta pour me laisser entrer. Une fois à l’intérieur, il me serra dans ses bras et son odeur m’entoura, je fermais fort les yeux et me mis sur la pointe des pieds pour déposer un baiser dans son cou. « Je vais bien et toi ? » Je m’écartais et le suivis dans le salon. « Je m’inquiétais un peu, tu avais l’air débordé ces derniers-temps. Je n’interromps pas quelque chose j’espère ? » Au fond, j’espérais juste qu’il n’était pas avec une autre femme. Je n'étais pas du genre jalouse, loin de là d'ailleurs. Nate et moi n'étions pas ensemble malgré notre nuit passée ensemble et ce rapprochement entre nous, mais je devais bien m'avouer que s'il avait été avec une autre femme, cela ne m'aurait pas laissé indifférente. Une fois dans la pièce principale, je m'appuyais contre le mur et croisais les bras sur ma poitrine en souriant. « T'es plutôt pas mal dans ce t-shirt. » Je le taquinais et il le savait, avec lui j'arrivais à me décoincer, à devenir moins timide que je ne l'étais normalement.