18 juillet 1988 ►La famille Rogers, plus connue pour son hôtel de luxe « The Rogers Hotel », s'apprêtait à accueillir un nouvel enfant dans leur vie. Ca faisait déjà 9 longs mois que ma mère, Athéna Wheeler Rogers, était enceinte de moi et on peut dire qu'elle n'en pouvait plus. Elle était clouée au lit depuis plus d'un mois sur recommandation des médecins. Je faisais déjà mon difficile dans son ventre et je ne la laissais pas faire ce qu'elle veut. La famille n'a pas eu droit à des vacances d'été cette année-là, mais ça n'est pas de ma faute si je suis né au mois de juillet. Il lui a fallu deux longues heures avant que je ne sorte enfin d'elle, mes cris se faisaient entendre dans la salle d'accouchement et l'infirmière m'a directement prit avec elle pour les soins et les examens de naissances assez classiques en soit. Puis j'ai rejoint ma famille dans la petite chambre d'hôpital. Je suis passé de bras en bras puisque la famille était venue nous rendre visite. On peut dire que je n'aimais pas ça du tout, c'est pour ça que je ne cessais de pleurer pour qu'on me laisse enfin tranquille. Mon frère, âgé de deux ans à l'époque était content d'avoir un petit frère, bien qu'il n'en ait pas vraiment conscience au vu de son âge. Mais notre mère lui a dit qu'il ne s’ennuierait plus, qu'il aurait un petit frère avec qui il allait pouvoir jouer. Et ça suffit pour rendre un enfant heureux. Enfin pas toujours, il y a parfois des histoires de jalousie mais ça n'a pas été le cas avec mon frère, il n'a pas été jaloux de moi.

Enfance ► Nous vivions dans une grande maison, peut-être pas aussi grande que la maison blanche aux États-Unis, mais assez grande quand même. Il y avait de nombreuses pièces, le bas était réservé au salon, à la cuisine, la salle à manger, l'une des salles de bains, le bureau de papa et le grand jardin muni d'une piscine à rendre jaloux n'importe qui. Un grand escalier menait aux étages supérieurs, le premier étage était réservé pour les chambres, nos chambres et les chambres pour les invités, deux salles de bains et une salle de jeu. Le second étage était réservé aux serviteurs et aux membres du personnel qui logeaient à la maison et puis il y avait le grenier un endroit assez sombre et poussiéreux mais très intéressant de mon point de vue puisque j'allais m'y cacher quand j'étais vraiment triste et que je ne voulais pas qu'on me retrouve.

Papa n'était jamais à la maison, bien trop occupé avec ses affaires il ne s'occupait pas de nous. Il revenait simplement le soir mais bien trop tard puisque nous étions déjà au lit. Notre mère par contre était un peu plus présente, elle passait du temps avec nous, elle jouait avec nous et elle avait toujours les mots qu'il fallait pour qu'on cesse de pleurer ou d'être triste. Il y avait beaucoup de serviteurs à la maison, pour le ménage, pour le repas, pour les sorties en extérieur, enfin nous ne manquions ni de personnes, ni de moyens. Maman n'a cependant pas laissé notre éducation à une inconnue, elle ne le voulait pas, nous étions ses enfants et elle estimait que c'était son rôle à elle de le faire. Et elle l'a fait. Deux ans après ma naissance, elle est tombée enceinte de jumeau, de faux jumeau. Ma petite soeur et mon petit frère. Nous étions donc quatre à la maison mais ça n'est pas pour ça que maman s'occupait moins de nous au contraire. Papa lui, était encore et toujours absent. Pourtant il nous aimait, il l'a toujours montré lors des repas de famille, quand on avait la chance de pouvoir enfin avoir du temps avec lui. Il était un homme formidable, avec beaucoup de principes et souriant. Il regrettait lui-même de ne pas être plus souvent là et en grandissant nous l'avions comprit et on ne lui en voulait pas. Nous avons été scolarisés dans une école privée, les cours n'étaient pas si mal de mon point de vue, je me suis fait des amis facilement et je m'y sentais bien. Je ne regrette donc pas le choix de mes parents. Entre frères et soeurs, nous nous entendions bien. Enfin, nous avions quand même des disputes quelques fois mais nous ne serrions pas une véritable famille sans disputes.

Adolescence ► Ca n'est pas la période la plus facile que ça soit pour l'un comme pour l'autre. Les choses changent beaucoup, nous avons une vision du monde différente et les rapports avec les autres sont plus compliqués la plupart du temps. Les différences entre les personnes se marquent beaucoup et face à la différence certaine personnes ne peuvent s'empêcher d'exprimer des préjugés. Nous avons poursuivi nos études en école privée, c'était plus rassurant pour nos parents et puis nous étions habitués à être dans ce genre d'école. Nos amis eux-aussi poursuivait cette voie pour la plupart. Alors je n'ai pas perdu beaucoup de monde et heureusement je ne le voulais pas. Les amis pour moi c'est important et puis je me serais senti vraiment seul sans eux. J'étais un gosse de riche, ça n'était pas un secret de toute manière et puis la plupart d'élèves l'étaient. Pourtant, je ne m'amusais pas à faire vivre un enfer à des personnes qui semblaient plus faibles que moi. Je restais avec ma bande d'amis sans me soucier de qui que ce soit d'autres si ce n'est mes frères et soeurs. Je me sentais bien, j'avais des notes excellentes et je n'avais pas vraiment d'ennuis. J'ai connu ma première histoire d'amour assez jeune, j'avais 14 ans. Il y avait ce garçon un peu plus vieux que moi. Il me plaisait beaucoup, il était beau et il faisait lui aussi partie de l'équipe de football. Je ne pensais pas qu'il était attiré par moi puisque je le pensais hétéro. Ce qu'il était réellement, il a juste joué avec mes sentiments. C'était partit d'un pari avec l'un de ses meilleurs amis. Il est venu vers moi, il m'a tourné autour puis on s'est mis ensemble. Il ne semblait pas si dégoûté d'être proche d'un autre homme. Nous nous embrassions sans problème, j'étais vraiment dingue de lui. Puis j'ai appris la vérité, ses amis sont venu me le dire avec un grand sourire sur les lèvres, content d'avoir brisé mon coeur. Malgré que ça avait été un simple défit, il s'était attaché à moi et il s'est excusé mais je n'ai jamais pu lui pardonner. Il s'est servi de moi et ça n'est pas quelque chose que j'ai pu oublier si facilement. J'ai connu des histoires d'amour ensuite, avec des filles comme des garçons mais rien n'a jamais vraiment duré. Et je me suis finalement fait une raison.

Notre mère est tombée malade quand j'avais 16 ans, au départ elle était toujours présente. Elle ne le faisait pas trop remarquer ne voulant pas que ses enfants souffrent de la situation. Elle continuait à faire les choses, elle continuait à vivre normalement tout en prenant son traitement contre le cancer qui la rongeait petit à petit. Nous savions qu'elle n'était pas au top de sa forme et nous essayions de faire du mieux que nous pouvions pour qu'elle soit soulagée. C'était un peu plus difficile pour les jumeaux de le faire, ils sont les plus jeunes et ils ont toujours été chouchoutés. C'était donc compliqué de les convaincre de faire de petites choses, pourtant ils n'avaient pas grand chose à faire puisque les serviteurs étaient toujours présents et que nous n'avions donc qu'à faire attention à ce qu'ils faisaient eux tout en évitant de faire trop de travail pour eux. Notre mère a toujours été agréable avec les employés et nous l'étions aussi puisque nous avons appris d'elle. Enfin les choses ont été comme ça pendant un moment. Notre père n'était pas plus présent à la maison, au contraire, il s'enfermait encore plus dans le boulot puisqu'il ne voulait pas accepter l'état de la femme dont il est amoureux. Elle est décédée deux ans plus tard alors que j'avais 18 ans. C'est sans doute la pire épreuve de ma vie, je ne sais pas comment j'ai fait pour me relever, sans doute qu'avoir les jumeaux m'a aidé. Ils étaient plus jeunes et plus fragile à mes yeux. Mon grand-frère qui allait sur ses 21 ans est partit quant à lui à l'université. On ne pouvait pas l'en empêcher mais j'ai quand même été déçu qu'il parte si loin alors qu'on avait besoin de lui à la maison. Il ne donnait plus de nouvelles de lui et je trouvais ça vraiment difficile. Notre père nous laissait aux mains des employés, il nous a fait faire des cartes de crédit pour qu'on puisse en faire ce qu'on voulait, il n'aurait sans doute jamais dû faire ça. Ma petite soeur s'est renfermé sur elle-même, je pouvais l'entendre pleurer le soir et j'essayais tant bien que mal d'être à ses côtés. La solitude, le manque et l'adolescence ne l'aidait vraiment pas. Quant à mon petit frère, il a fait naître en lui beaucoup de colère, enfin il a transformé la tristesse et le mal-être en violence et en mépris. Il était toujours dehors, il découchait souvent, je sais que la drogue, les soirées et l'alcool rythmaient sa vie. Il en délaissait ses études. J'essayais de le remettre dans le droit chemin. Je me disputais souvent avec lui à cause de ça. Mais il ne voulait rien entendre et je me sentais vraiment dépassé.

L'université ► Je me suis inscrit également à l'université à mes 19 ans mais je ne suis pas parti bien loin, je suis resté proche pour être auprès des jumeaux. Notre père n'étant pas là je voulais quand même avoir un œil sur eux et être là pour ma soeur. J'espérais toujours que mon frère se calme, il approchait de la majorité et il n'avait toujours pas pris conscience qu'il se mettait vraiment en danger avec son comportement. Quoi qu'il en soit, c'est la section économique et affaire que j'ai prise. Je ne voulais, au départ, pas suivre les traces de mon père mais c'est sans doute la seule chose que j'avais en tête finalement. Je ne me voyais pas dans un autre métier et puis je voulais vraiment lui faire plaisir. Je voulais lui remonter un peu le moral même si ça n'a pas été le cas. Nous ne nous voyons pas souvent, encore moins que quand ma mère était encore envie, mais nous avions toujours des discussions. Je lui en voulais un peu de ne pas être présent pour les jumeaux mais je le comprenais d'un côté. Il souffrait tout comme nous. Quoi qu'il en soit, mes années à l'université se sont bien déroulées. J'ai appris des choses intéressantes, j'ai participé à des soirées étudiantes que je n'oublierais pas. J'ai eu beaucoup d'aventure et je me suis passionné pour la musique. La guitare plus particulièrement. Ça m'aide en réalité, ça me permet de me concentrer sur autre chose et puis j'aime ça, c'est une passion comme un autre. Ça a été 5 années de ma vie très très intenses. Il y avait vraiment de quoi faire en réalité et ce sont vraiment de beaux souvenirs que j'en garde.

L'héritage ► À 24 ans, je sortais de mes années universitaires. Je n'avais pas loin à aller pour avoir un emploi, mon père m'a fait une place dans l'entreprise. J'étais l'un des actionnaires et je travaillais à ses côtés pour la gestion de l'hôtel. Je ne pensais pas que ça m’intéresserait autant mais finalement je me retrouve bien dans ce monde. J'ai acquis bien des compétences dans les finances, la manière de gérer une entreprise, la relation avec les employés et les clients. Je faisais ça assez facilement mais j'ai été entraîné par le meilleur, mon père et je ne regrette vraiment pas. Il y a un an, mon père m'a posé les clefs de l'hôtel sur le bureau avec des papiers signés de sa main. Il m'a dit ne plus vouloir poursuivre, il m'a dit qu'il me laisser l'entreprise. Je ne voulais pas de ça au départ et j'ai essayé de lui faire changer d'avis en lui disant que je n'étais pas encore prêt pour ça. Mais il ne m'a pas écouté, il croyait en moi et il ne voulait pas que je doute de moi. J'ai donc pris les commandes de l'entreprise, j'ai fait comme il m'a appris. Voilà maintenant un an que je suis la direction du « The Rogers hotel » et je ne regrette pas du tout finalement. Je trouve que je m'en sors encore bien. Et je ne ferais pas n'importe quoi de cet héritage bien au contraire, je veux qu'il reste au top du top. J'en suis là maintenant, je vis dans un loft non loin de l'hôtel. Je suis toujours seul mais ça n'est pas un problème, je profite de ça d'ailleurs, je me fais plaisir et je prends la vie du bon côté.