Il y avait du monde. Beaucoup de monde. Après tout, on était en période de fête de fin d'année. Un tas de personnes faisaient leur derniers achats de Noël à la dernière minute. A la toute dernière minute. Imaginez la foule dans un centre commercial durant cette période. Imaginez à quel point, il peut-être difficile pour un parent de surveiller un enfant et ça lorsqu'on essaye de bien le surveiller. Mais qu'est-ce qui se passerait s'il y avait la même situation, mais que le parent en question n'avait rien à faire de son enfant, qu'il était plus préoccupé par sa conversation au téléphone. C'est bien simple, l'enfant à sa charge commence à partir pour aller une vitrine sans remarquer que la mère continuait son chemin. Et lorsque l'enfant s'est retournée, plus personne. Enfin si. Il y avait énormément de monde, mais aucun visage qu'elle connaissait.
« Maman ? » Peut-être qu'elle n'était pas si loin que ça. Peut-être qu'elle se cachait, que c'était une blague. Après tout, elle n'avait que quatre ans, elle ne comprenait pas. Elle restait près de la vitrine, attendant patiemment que sa mère arrivée. Sauf que ce n'est qu'une enfant et que la patience est un concept abstrait. Alors la fillette a attendu dix minutes. C'était long. Trop long. Peut-être qu'elle était à l'intérieur. Peut-être qu'elle regardait les peluches. C'est ainsi qu'elle était entrée dans la boutique. Une boutique de jouet. Un paradis pour la petite Rory. Durant un instant, elle oublia qu'elle devait chercher sa mère. La fillette rousse déambula dans les allées du magasins, s'émerveillaient devant les poupées et autres jouets. Rester debout à attendre pendant dix minutes c'était trop long, mais s'amuser durant plus d'une heure dans ce genre de boutique c'était le contraire. Enfin, elle ne s'amusa plus longtemps lorsqu'elle se rappela qu'elle était venue chercher sa mère. Et encore une fois, elle ne trouvait personne. Il commençait à se faire tard. Il y avait de moins en moins de monde. Le centre commercial allait fermer et la fillette cherchait, criait, pour trouver sa mère. Toujours rien. Rory était assise sur un banc. Elle était calme, ses yeux étaient rouges à cause des larmes qui avaient coulé quelques instants plus tôt. Si elle restait à un même endroit, peut-être que sa mère la retrouverait. Oui, dans l'esprit de la fillette, il était impossible que sa génitrice ait pu l'oublier, qu'elle était elle aussi à sa recherche. Dix minutes avant la fermeture. Toujours personne. Le centre commercial était encore un peu plus vide. Toujours pas de mère. Sauf qu'une fillette seule sur un banc, ça intrigue. C'est étrange. Un homme s'était approché d'elle, s'asseyant à ses côtés.
« Alors ma petite, qu'est-ce que tu fais toute seule ici ? Tu es perdue ? Tu attends quelqu'un ? » Il avait un sourire sur le visage qui se voulait rassurant. Sauf que pour Rory, c'était le contraire. Elle ne répondit pas et commençait même à avoir de nouvelles larmes aux yeux.
« Tu lui faire peur. » Une femme s'était approchée. Elle semblait sur le point de partir.
« Tes parents font encore les boutiques ? Tu veux qu'on les appelles au micro ? » Rory ne parlait toujours pas. Elle haussa simplement les épaules.
« Tu crois que les parents de cette petite sont encore là ? Il n'y a quasiment personne. » L'homme semblait perplexe. Peut-être qu'il comprenait la situation. Rory n'était pas perdue. On l'avait oublié. Et la femme commençait à comprendre la situation. C'était une première. Elle en avait vu des enfants oubliés dans le centre commercial, mais les parents venaient paniqué à leur recherche et en à peine une heure, c'était fait. Là, c'était une toute autre histoire. Il fallait une vingtaine de minutes pour que Rory parle enfin. Ils avaient essayé d'appeler chez la petite. Rien. Cela ne répondait pas. Il fallait une demie heure de plus pour contacter une personne qui pouvait aider la rouquine. Judie. La meilleure amie de la mère de la gamine. C'est elle qui était venue la chercher.
« Tu l'as oublié dans un centre commercial toute l'après-midi. L'APRÈS-MIDI. Mais qu'est-ce qu'il t'as pris ? C'est ta fille. Pas un accessoire que tu peux oublier n'importe où. » Judie était dans le salon, en train de 'discuter' avec la mère de la fillette dans le salon. Rory n'aurait pas dû entendre ça. Elle aurait dû dormir, sauf que les cris l'avait réveillé.
« Elle était derrière moi. C'est elle qui est partie. C'est de sa faute. » Forcément c'était toujours la faute de Rory. La gamine qui a gâché sa vie.
« D'ailleurs tu peux me le garder deux, voir trois semaines. Avec Eliott, on s'est organisé un petit voyage. » Jodie soupira. Elle ne se rendait pas compte à quel point, elle faisait du mal à sa fille. Rory entendait du bruit vers la chambre où elle était. La fillette s'était mis à courir vers le lit et commençait à faire semblant de dormir. C'était à ce moment-là qu'elle vit pour la dernière fois sa mère. A croire que son voyage s'était prolongé
« Le projet de classe de cette année est la mise en scène d'une pièce de théâtre. » Les réactions dans la salle étaient différentes. Certains étaient heureux, d'autres non. Rory faisait partie de ceux qui n'avait pas vraiment d'avis. Si elle ne devait participer, elle ferait partie des élèves mécontents. Mais si c'était le contraire, alors elle s'en fichait royalement de cette pièce de théâtre. La rouquine était assise dans le fond de la salle de la classe en train de dessiner, n'écoutant qu'à moitié ce que son institutrice racontait.
« La pièce de théâtre portera sur le conte d'Hansel et Gretel. » Aucune réaction de la part de la rousse. Il commençait à avoir un bruit insupportable dans la classe. Les autres élèves réagissaient et pour le plus grand bonheur de Rory la sonnerie qui annonçait la récréation. Elle essayait de se faufiler parmi ses camarades de classe. Une étape plus que difficile lorsqu'on sait que la fillette a du mal à supporter une foule, même d'enfants. Après d'interminables minutes, elle était enfin dans la cours de récréation. Elle se sentait en quelque sorte libre.
« Eh Liddell, le rôle de Gretel t'irais à merveille. L'abandon ça te connaît non. » Des rires se firent entendre derrière la fillette. Elle essayait de se contrôler. Inspirant et expirant profondément. C'est ce qu'on lui avait dit faire lorsqu'elle sentait qu'une crise arrivait. Elle ne devait pas faire attention à ce qu'on peut dire sur elle. De la méchanceté gratuite. Voilà ce que c'était. Mais ce genre de conseil était beaucoup plus facile à dire qu'à faire.
« On pourrait peut-être appeler ta mère. Comme ça tu pourras … » Elle n'avait pas entendu le reste de la phrase. C'était trop pour elle. Elle en avait marre. La fillette s'était retournée et jetée sur le gamin.
« La ferme ! La ferme ! » Et elle commença à frapper. Ce n'était pas bien. Judie lui avait toujours dit que la violence ne réglait rien. Mais il l'avait bien cherché. Au bout de quelques minutes, on les avait séparé et direction le bureau de la directrice. Ce n'était pas la première fois qu'elle y allait. Elle n'avait que neuf ans, mais elle ne savait pas se contrôler lorsqu'on évoquait sa mère. L'attente fut interminable. Et lorsqu'elle entendit les talons résonner sur le sol, elle savait que ça serait encore plus interminable. La rencontre avec la directrice avait duré une éternité. Du moins, c'est le sentiment qu'elle avait.
« Rory a un gros problème de gestion de colère. » La fillette baissa la tête.
« Peut-être qu'il faudrait qu'on parle directement à sa mère. » Judie poussa un soupir et Rory s'enfonça un peu plus dans son mutisme.
« Ca risque d'être difficile. Elle est injoignable. » Elle ne voulait pas entendre la suite. C'était trop pour elle. Alors la fillette se leva pour attendre dehors. Elle sentait les larmes couler doucement le long de ses joues. Il fallait qu'elle se calme. De nouveau, elle essayait de faire ses exercices de respiration. Inspirer. Expirer. Inspirer. Les larmes s'arrêtaient doucement. Elle avait enlevé les dernières présentes aux coins des ses yeux. Et c'est à ce moment-là qu'elle entendit la porte s'ouvrir. Judie était sortie. Elle ne dit rien et lui pris simplement la main de la fillette pour la conduire à la voiture. Le trajet fut incroyablement silencieux.
« Alvin et Poppy vienne tout à l'heure. » Aucune réaction de la part de la rousse.
« Tu pourrais leur montrer le projet en science. » Toujours pas de réponse. Non pas qu'elle était en colère contre Judie. C'est qu'elle se sentait honteuse. Rory n'aimait pas qu'on puisse la voir dans cet état. Judie poussa un long soupir.
« Ta mère craint. C'est vrai. Mais c'est pas la peine de réagir comme ça. Elle n'en veut pas la peine. » Et dire qu'elle parlait de sa meilleure amie, mais Judie n'était pas du genre à ne pas dire ce qu'elle pense.
« Et puis …. » Elle se baissa légèrement pour pouvoir chercher quelque chose dans son sac et ça tout en gardant un œil sur la route.
« Tadaaa. Maintenant tu peux dire que t'as une mère qui déchire. » Elle posa une sorte de dossier sur les genoux de la fillette. Dossier d'adoption. C'était ce qu'il y avait d'inscrit. Un léger sourire s'était affiché sur le visage de la fillette, comprenant ce qui se passait. Après toutes ces années, elle allait enfin faire partie d'une famille.
C'était un cauchemar. Elle ne voyait que ça. Sortir avec Max. C'était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée, mais c'était pour le rendre jaloux, pour le faire réagir. C'était un échec cuisant. Enfin, au moins, elle avait gagné un cavalier au bal. Seul point positif de cette catastrophe. Ce n'était qu'une petite histoire pour faire comprendre quelque chose à Alvin. Elle s'était mal pris. Et elle en payait le prix. Tout le monde était à l'aéroport. La famille d'Alvin. Ses amis. Et puis elle. Alors que tout le monde était en train de dire au revoir au jeune homme qui s'apprêtait à partir pour la Californie. Rory était étrangement calme. Elle n'aimait pas le voir partir. Surtout pour aller à l'autre bout de la planète. Plusieurs fois, elle lui avait fait comprendre. Sauf qu'il ne l'avait pas écouter. C'était égoïste d'exiger qu'il reste. Mais elle a besoin de lui. Il avait enlacé tout le monde pour un dernier au revoir et ce fut au tour de Rory. Elle ne le regardait pas. Elle s'interdisait de le regarder. L'adolescente voulait lui faire comprendre qu'elle lui en voulait de ce départ. Sauf que face à Alvin, elle est bien trop faible et elle avait croisé son regard.
« Pourquoi tu pars ? » Encore une fois cette question. Elle voulait une vraie réponse.
« Je te l'ai déjà dit. » Tenter sa chance de scénariste aux États-Unis. Une idée stupide. Complètement stupide. Elle n'y croyait pas.
« Tu pourrais tenter ta chance ici ! » Les larmes commençaient à arriver aux yeux de Rory. Il aurait tellement plus de chance à Londres qu'à Los Angeles. Il y aura plus de concurrence là-bas ! C'était stupide. Il voulait l'abandonner. Il était comme les autres. Il était comme sa mère. Un léger sanglot s'était échappé de la bouche de la demoiselle, alors qu'il essuyait les larmes qui commençaient à tomber le long de ses joues.
« C'est pas pareil. » Elle se mordait l'intérieur de la joue pour ne pas crier, pour ne pas lui faire une crise.
« Deux ans ! » C'est long deux ans. Il peut l'oublier. Elle ne veut pas. Elle veut égoïstement qu'elle reste. « Ca passe vite, puis on peut s'appeler. Je reviendrais pour Noël, tu verras. » Elle secoua la tête. Il mentait. Elle le savait. Le temps serait atrocement long sans lui.
« Mais qu'est ce que je vais faire sans toi ? » Voilà. C'était dit. Qu'est-ce qu'elle ferait sans lui. Elle serait perdue. Alvin, c'était l'ancre à laquelle Rory s'accrochait depuis dès années.
« Ne t'inquiètes pas, tu m'oublieras. » Ce n'était pas la réponse qu'elle attendait. Et cet enfoiré s'était mis à rire. En guise de réponse, elle lui donna un coup à l'épaule. C'était avant qu'il ne l'a prenne dans ses bras. La rousse était bien. Elle ne voulait qu'il parte. Elle voulait ses bras autours d'elle. Elle voulait sa chaleur, son odeur. Et pour lui faire comprendre, elle avait resserré son étreinte. Malheureusement, ce n'était pas assez. Alvin s'était reculé, commençant à partir vers la salle d'embarquement. Il s'éloignait et du monde commençait à arriver autour du groupe. Et c'est à ce moment-là que Rory commençait à ne pas se sentir bien. Elle se sentait oppressée. Elle commençait à avoir du mal à respirer. D'un coup, elle s'était mis à courir vers l'extérieur. Elle avait besoin d'air. Ce n'était rien. Deux ans. C'était une promesse. Il allait revenir. Elle l'espérait.
Un contrat dans un petit théâtre. C'était presque un miracle. Surtout dans la période où elle se trouvait. Rory commençait à désespérer. Elle ne trouvait que des petits contrats qui réussissait à peine à faire gagner un salaire décent. Et puis il y avait Alvin. Alvin qui semblait avoir disparu de la surface de cette planète. Elle savait qu'il avait réussi à vendre un de ses scénarios. Bien sûr qu'elle avait été heureuse pour lui. Si c'était le contraire, elle aurait été une mauvaise amie. Sauf que depuis il semblait ne plus s'intéresser à elle. Peut-être qu'elle se faisait des idées. Elle espérait que ça soit le cas. Et puis, elle avait eu la malheureuse idée de regarder son téléphone durant une pause qu'elle s'était accordée. Alvin ne lui donnait pas de nouvelle, mais il devait sûrement quelques infos sur le film dont il était le scénariste. Effectivement, il y en avait. Et pas celles qu'elle aurait aimé lire. Comme ça monsieur s'était trouvé une copine et ne lui avait rien dit. Trahie. Voilà comment elle se sentait. Elle l'attendait. Elle s'était promis de l'attendre et de lui dire ce qu'elle ressentait puisque lui en semblait incapable. A croire qu'au final, elle s'était fait des idées. Peut-être qu'il s'en fichait d'elle. Non pas peut-être. Il s'en fichait d'elle. Sinon, il lui aurait cette 'fabuleuse' nouvelle et elle aurait fait semblant d'être heureuse. Mais non. Plus la rousse lisait l'article, plus elle sentait la colère l'envahir. Et finalement, elle saturait.
« Mais quel connard ! » dit-elle en balançant son téléphone sur la table se trouvant devant elle. Elle commençait à sentir quelque larmes sur ses joues. A cet instant, elle haïssait Alvin. Elle s'était rassis à sa chaise, passant ses mains sur son visage pour essuyer ses larmes. Elle inspira profondément. Rory devait reprendre son calme. De toute façon, elle n'avait pas le choix, puisqu'une personne était arrivée dans la pièce. Lorsqu'elle entendit frapper à la porte, elle se mis à sursauter. Merde. Elle était en aucun cas présentable. Elle essuya rapidement les dernières larmes.
« Oui. Entrez. » Une fois de plus, elle passa ses mais sur ses yeux. Mon dieu, elle allait ressembler à quoi. Elle devait avoir les yeux plus que rouge.
« Je viens chercher mon costume. » Un des comédiens de la pièce. Elle évitait son regard le maximum et acquiesçait légèrement la tête.
« Votre nom ? » demanda-t-elle simplement. Il voulait qu'il parte, qu'il la laisse tranquille.
« Angus Nightingale. » Elle cherchait dans les costumes durant quelques minutes avant de le trouver. Elle lui tendit rapidement ce qu'il cherchait.
« S'il y a des retouches à faire n'hésitez pas à revenir, je les ferais. » Elle n'avait pas osé affronter son regard, légèrement honteuse. Elle pensait qu'il allait partir. Sauf qu'il était toujours là, qu'il l'avait attrapé par le bras. Légèrement déboussolé, elle avait enfin osé croisé le regard du comédien. Durant quelques secondes, elle ne bougea pas, elle avait simplement plongé son regard dans le sien.
« C'est un idiot. » lui avait-il dit avec un sourire avant de partir. Elle ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. Ses joues étaient en feu. C'est comme ça qu'elle rencontra Angus. Peut-être qu'il était arrivé au bon moment. Peut-être qu'il était le signe qu'elle devait passer à autre chose.
Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas senti si heureuse. Et qu'est-ce que ça faisait du bien. En fait, depuis sa rencontre avec Angus, elle se sentait comme libre. A croire qu'elle avait été prisonnière de quelque chose – ou plutôt quelqu'un – depuis des années. Et avec lui, c'était différent. Il n'a fallu que quelques rendez-vous 'amical' avant qu'un premier baiser n'arrive, quelques mois avant qu'ils emménage ensemble et quelques années avant qu'il ne l'a demande en mariage. Se marier. C'est quelque chose qu'elle avait du mal a réaliser. Adolescente, peut-être que cette idée lui a traversé la tête. Sauf que le mariage qu'elle s'était imaginée ne se passait pas avec Angus, mais c'est lorsqu'elle était jeune et encore trop naïve. Et les années ont passés et la voilà avec une bague à son doigts. Une bague qu'elle admirait sans arrêt.
« Tu es prête ? » Un léger sursaut de la part de la rousse qui était complètement perdue dans ses pensées. Rory s'était retournée avec un sourire aux lèvres.
« Plus que prête. » Les lèvres s'étaient étirées pour dessiner un large sourire sur le visage. La jeune femme pris la main du comédien pour pour aller en direction du salon où un bon nombre de leurs amis et famille était présent. Un dîner pour annoncer officiellement leur fiançailles. Ce n'était pas vraiment un secret ? Il devait bien se douter que la bague que portait Rory. Tout le monde était dans la pièce et regardait le couple. Et c'est Angus qui avait pris la parole.
« Si on vous a réuni ce soir, c'est pour vous annoncer une grande nouvelle. On va se marier ! » Des cris de joies, des larges sourires, des félicitations. C'était la plupart des réactions des gens présents dans la pièce. On se regroupait soit autour du comédien pour le féliciter. Ou alors autour de la rousse pour admirer la bague de la jeune femme. Il n'y avait qu'une personne qui ne semblait pas si heureux de cette nouvelle. Alvin. Il était un peu plus éloigné et évitait le regard de Rory. La jeune femme s'était dirigée vers lui avec un petit sourire.
« Hey … » dit-elle en lui tapotant l'épaule du scénariste. Pas de réponse. Il avait juste pris une gorgée de vin. La jeune femme soupira. Elle ne comprenait pourquoi il avait ce genre de réaction. Enfin. Elle s'en doutait. La jalousie. C'est ce qui était venu à l'esprit de la jeune femme. Il n'avait pas le droit. Elle pouvait bien faire sa vie. C'est ce qu'il avait fait lorsqu'il était en Californie.
« Je me demandais … Pour le mariage, j'aimerais que tu sois ma demoiselle d'honneur. Enfin, témoin. Je vais pas te demander de porter une robe. » dit-elle avec un petit rire. Sa demande était plus que sérieuse. Après tout, il était sans doute la personne à laquelle la jeune femme tenait le plus. Peut-être que c'était cruel de lui demander ça, mais sur le moment ce n'était pas ce qu'elle pensait. Elle le regardait avec un léger sourire. Pas de réponse. Il semblait toujours autant lui faire la tête. Elle le regardait, lui faisant une légère moue pour qu'il craque, pour qu'il accepte. Durant une ou deux minutes, il y avait un long silence, jusqu'à ce qu'Alvin ouvre enfin la bouche.
« D'accord …. » Rory souriait de toute ses dents et déposa un baiser sur la joue pour le remercier.
« Merci, merci, merci. » Elle sautillait presque sur place, heureuse que son ami accepte sa proposition. Oui, elle n'avait pas remarqué ce soir-là la jalousie que pouvait ressentir Alvin. Pour elle, ce n'était rien. Elle se concentrait sur son petit bonheur. Peut-être qu'elle a été encore égoïste en l'ignorant.
Le grand jour était arrivée. Elle allait se marier. Le plus beau jour de sa vie. Et elle était incroyablement stressée. C'est normal. Toute les mariées le sont. En tout cas, c'est ce qu'elle avait entendu. Après tout, tout peut se passer durant ce jour. La robe qui est devenue soudainement trop grande ou alors trop petite. Mais là, il n'y avait pas de soucis à se faire. L'avantage lorsqu'on est couturière, c'est qu'elle avait pu créer sa propre robe et question retouche, elle s'y connaissait plutôt bien. Peut-être que c'est au niveau du traiteur qu'il y aura un problème. Non, Judie lui avait dit que tout allait bien, qu'il n'y aura aucun problème. Tout ce qu'elle devait faire, c'est d'inspirer et d'expirer tranquillement. Rien n'allait pouvoir gâcher ce jour. Elle était dans son ancienne chambre en train de terminer de se préparer, lorsque la porte s'ouvrit. Elle s'était retournée et vit Alvin qui avait l'air d'être perdue.
« Qu'est ce que tu en dis ?! » lui demanda-t-elle en tournant sur elle-même et en jouant avec sa robe. Elle avait un grand sourire sur le visage lorsqu'il s'approcha d'elle. Rory pensait qu'il allait la complimenter. Ce n'était pas ce qu'il s'était passé. Il avait posé ses mains sur le visage de la rousse et de l'embrasser. Alvin venait de l'embrasser. Ce n'était pas possible. Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne l'avait pas repousser. Au contraire, c'était un sensation plus qu'agréable. Une sensation qu'elle avait rêvé de connaître durant des années. C'était beaucoup trop court.
« Je t'aime. » Elle ne bougeait plus. Peut-être qu'elle avait mal entendu, mais il faut croire que la réaction qu'Alvin avait, tout était réel. Maintenant, elle savait pourquoi elle était si stressée. C'est qu'elle commençait à douter du mariage. Peut-être que les sentiments de la jeune femme envers Alvin n'était pas réellement parti et était encore bien présent. Et au pas de la porte se trouvait sa tante qui avait un large sourire sur son visage. Elle avait organisé tout ça ? Non. Elle refusait d'y croire. Elle allait se marier. Rien n'allait gâcher ce jour. Absolument rien. Enfin, c'est ce qu'elle pensait. A l'église tout était parfait. Enfin presque.
« Si quelqu'un à quelque chose à dire, qu'il prenne la parole ou se taise à jamais. » La phrase tant redouté. Elle s'était retournée dans l'espoir qu'il n'y avait personne qui allait dire quelque chose. Et c'est là qu'elle vit Alvin se lever. Non. Non. Et encore non. Pas maintenant.
« Je t'aime Rory ! » Eh merde. Pourquoi maintenant. Pourquoi il fallait qu'il fasse ça maintenant. Un grand silence s'était installé.
« Je t'ai toujours aimé ! » Elle semblait gênée. Tout le monde la regardait, puis ensuite Alvin. Que quelqu'un l'arrête. Par pitié que quelqu'un l'arrête. C'est exactement ce qu'elle pensait.
« Je crève d'amour pour toi ! Je te jure que je ne veux pas que tu fasses cette connerie ! J'ai souffert quand tu es sorti avec Max au lycée, j'ai encore plus souffert quand tu as rencontré ce crétin. » Elle se sentait mal, commençait à avoir du mal pour trouver une respiration normal. Elle ne le quittait pas des yeux. Ce genre de chose, elle l'aurait aimé entendre il y a des années. Pas le jour de son mariage.
« mais je souffrirai encore plus si tu dis oui. » Il traversa l'église, chevauchant les bancs pour aller vers elle.
« Je t'aime. » Les larmes commençaient à arriver aux yeux de la jeune femme. Elle n'osait même pas regarder Angus. De toute façon, elle n'avait pas besoin de le regarder. Il était furieux. Il avait toujours été jaloux d'Alvin, se méfiant de lui. A croire qu'il avait raison. Et tout c'était arrêté. Alvin avait trébuché et était inconscient. Quelques personnes s'étaient regroupés autour de lui. Lentement, la rousse s'était tournée vers Angus, complètement perdue.
« Rory ? » Elle le regardait, comme si elle venait de réaliser quelque chose.
« Désolé. Je suis désolée. Je. » Les larmes commençaient finalement à tomber.
« Je peux pas. Pas maintenant. » Elle inspira profondément avant de se mettre à courir en direction de la sortie. La mariée qui s'enfuie. Clichée. Mais elle ne pouvait pas rester dans cette église. Et puis, elle ne fuyait pas. En tout cas, pas totalement. Elle avait juste besoin d'air et d'être seule. Sauf que seule, elle ne le resta pas longtemps. Angus l'avait rejoint.
« Tu l'aimes ? » Elle s'était retournée vers le comédien. Qu'est-ce qu'elle devait dire. Peut-être qu'il y avait effectivement quelques sentiments qui restaient envers le scénariste. Et au lieu de ça, elle resta complètement muette.
« Oh mon dieu. Bien sûr que tu l'aime. Quel idiot j'ai été. » « Non, non. Je l'aime pas. Je l'aime plus. » Mensonge.
« Ça m'a perturbé. » murmura-t-elle faiblement. Là, c'était la vérité. Cela l'a même chamboulé.
« Peut-être qu'on devrait reculer le mariage. Le temps que je règle ça avec Alvin. » Et qu'elle se persuade que les sentiments pour lui n'était pas réel. Sauf qu'Angus ne semblait pas être convaincu par les paroles de la rousse. Elle mentait. Cela se voyait dans ses yeux et il l'avait remarqué.
« Je ne veux pas te perdre. » Il pris les mains de la jeune femme, qui les serra doucement.
« Je ne veux pas vous perdre. » dit-il dans un murmure, l'embrassant sur le front et mettant ses mains sur le ventre de la jeune femme.
« Ca ne va pas être le cas. » dit-elle avec un léger sourire. Peut-être parce qu'elle voulait se persuader qu'elle ne ressentait rien pour Alvin pour une seule solution. Elle voulait que l'enfant qu'elle porte grandisse avec ses deux parents. Pas comme ce qu'elle a vécu.
« Donc tu ne reviens pas demain. La tournée fait des dates supplémentaires … Je comprends. Reviens vite. Tu me manques. » Rien. Il avait raccroché. Rory s'était mis à soupirer. Depuis quelques semaines, la conversation téléphonique se résumait au strict minimum. Quelques jours après le mariage, il avait été appelé pour lui dire qu'il avait été pris pour un rôle d'une nouvelle pièce de théâtre. Quelques représentation hors de Londres. Ce n'était pour qu'une semaine ou deux. Et au final, à chaque appel, il lui disait qu'ils avaient rajouté une date et par conséquent il n'allait pas rentrer immédiatement chez eux. Au départ, elle ne voyait pas de problème. Après l'accident au mariage, un peu d'éloignement était peut-être bénéfique. Sauf qu'elle trouvait ça étrange, mais elle ne disait rien. Elle se taisait. Peut-être qu'elle ne se faisait que des idées. Elle regarda une nouvelle fois l'écran de son téléphone. Elle défila rapidement sa liste de contact, s'arrêta sur le prénom d'Alvin. Elle n'avait eu aucune nouvelle depuis le presque mariage. Peut-être qu'elle devait l'appeler ou lui envoyer un message, mais elle n'y arrivait pas. Elle était comme bloquée. La jeune femme posa son téléphone sur sa table de nuit et enfouie sa tête dans l'oreille, fermant les yeux. Elle s'apprêtait à s'endormir lorsqu'une personne frappa doucement à la porte. Judie.
« Je peux entrer ? » Elle leva la tête pour la regarder. Elle acquiesça légèrement la tête. De toute façon, elle ne pouvait pas refuser, elle était déjà entrer dans la chambre.
« C'était Angus ? » lui avait-elle demandé à Rory, alors qu'elle s'installa au bord du lit.
« Oui … » dit-elle en soupirant.
« Il ne rentre pas maintenant. » Un autre soupir s'échappa de la bouche de la jeune femme. Judie n'ajoutait rien. Elle passa simplement sa main dans les cheveux de la rouquine.
« Est-ce que tu lui a dit ? » Elle secoua la tête.
« Il faut qu'il sache.» « Je lui dirais. Pas par téléphone. » Cette fois ci, c'était Judie qui s'est mis à soupirer.
« Tu as parlé à Alvin ? » Elle se mordit les lèvres.
« Je suis fatiguée. » Une simple phrase pour lui faire comprendre qu'elle ne voulait pas aborder ce sujet. Et ce n'était pas un véritable mensonge, elle était véritablement épuisée. Elle voulait juste s'endormir et voir le lendemain que c'était juste un cauchemar.