Le 14 février 1988, dans une petite clinique de San Fransisco, aux Etats-Unis, une jeune adolescente de seize ans vient de mettre au monde une petite fille. Madison Shepperd, jolie brune aux yeux noisette souffle, soulagée, allongée sur la table d’accouchement, le front perlant de sueur et les yeux cernés. Il y a beaucoup de bruit dans la pièce, mais le seul qu’elle parvient à te distinguer sont les pleurs du bébé qui vient de naître. Une infirmière s’approche d’elle, le bébé dans les bras. « Je suis désolée mais vous ne pouvez pas la prendre dans vos bras, sa nouvelle famille l’attend, juste dans le couloir, mais vous pouvez la voir avant qu’elle ne parte. » L’adolescente sourit et caresse la joue de sa petite fille, les larmes aux yeux. « Je ne peux pas m’en occuper, mes parents m’ont mis dehors et mon petit ami m’a quitté. Est-ce que les gens qui vont l’adopter sont des gens bien ? » L’infirmière hoche la tête, le sourire aux lèvres. Elle lui explique que les nouveaux parents de la petite fille sont de bonnes personnes et qu’ils sont vraiment heureux et impatients de pouvoir la rencontrer enfin. C’est donc en larmes que Madison voit sa petite fille disparaître, pour toujours.

Deux femmes sont installées dans la salle d’attente de la clinique, une grande blonde et une jolie brune. Leurs visages sont fermés, elles sont tendues et semblent attendre une mauvaise nouvelle. Serrant la main l’une de l’autre, elles paraissent connecter et aussi nerveuses l’une que l’autre. Tandis que la blonde se ronge les ongles, la brune ne peut s’empêcher de faire sautiller sa jambe, un geste purement inconsciente et nerveux. « Madame Bradford ? ». Les deux femmes se lèvent à l’unisson, ne faisant qu’une. Leur voix se mélange, elles s’accordent. « Oui ? » Alors l’assistante sociale se décale, laissant apparaître une infirmière tenant un bébé dans ses bras. « C’est votre petite fille. » En larmes, la brune se précipite vers l’infirmière et prend le bébé dans ses bras. La blonde les rejoint et toutes deux, elles pleurent, fixant le bébé, leurs têtes collées l’une à l’autre, formant une famille. L’assistance sociale s’approche des jeunes mamans. « Comment allez-vous l’appeler ? » La voix mal assurée et enrouée, la blonde chuchote. « Eileen Camilla Edwige Bradford. » Et toutes les personnes présentent dans cette pièce ce jour-là assistèrent à la formation d’une belle famille. Un mois après sa naissance, la jeune Eileen rentre à Londres avec ses deux mamans, la famille va enfin pouvoir vivre tranquillement, loin de la paperasse de l’adoption.

Eileen a bien grandi, elle a six ans aujourd’hui. C’est une journée d’été et la petite brune aux yeux noisette profite de la chaleur de ce mois d’août pour faire de la balançoire dans le jardin. La petite semble songeuse, les yeux dans le vide. Elle se tourne alors vers sa maman qui est assise dans l’herbe, un magazine en mains. « Maman, à l’école la maîtresse elle a dit qu’il fallait une maman et un papa pour faire un bébé. Mais moi, j’ai pas de papa. » La blonde déposa doucement son magazine et fit signe à sa fille de venir s’assoir près d’elle. Elle savait que ce jour fatidique finirait par arriver. Elle tapota le bout du nez de son petit trésor et la fit assoir sur ses genoux. « Mais toi, tu as deux mamans, ce n’est pas mieux ? » Elle sourit, et devant le regard déterminé de la petite, elle finit par céder. « Comme tous les enfants, tu as un papa et une maman qui t’a porté dans son ventre, comme tata Gladwys a porté Lilian dans son ventre. Mais ta maman à toi, elle ne pouvait pas s’occuper de toi, elle était trop jeune. Alors elle nous a demandé à maman Camilla et à moi de s’occuper de toi, de devenir tes nouvelles mamans. Tu comprends ? Mais ce n’est pas parce que tu n’étais pas dans notre ventre que tu n’es pas notre fille, d’accord Eileen ? » La petite fille sourit et prend sa maman dans ses bras. Elle soupire et ferme les yeux, laissant le vent caresser son visage.

C’est un matin pluvieux de décembre, Eileen est en dernière année de lycée. Elle descend les escaliers quatre à quatre et déboule dans la cuisine comme une flèche. « Mamans, j’ai bien réfléchi. Madame Prescott a dit qu’avec mon dossier je pouvais aller dans l’école de mon choix. J’ai regardé sur internet, j’ai fais plein de recherches et je suis sûre de moi, je veux aller en fac de droit et devenir une grande avocate. » Elle voit ses mamans sourirent et sourit à son tour. « C’est super ma chérie, si tu es sûre de toi, nous te soutenons. Nous sommes très fières de toi. » Eileen a toujours su qu’elle pouvait compter sur ses mamans. Petite déjà, elle prenait le temps de lui expliquer les choses qu’elle ne comprenait pas, elle ne la laissait jamais dans le flou et se montrait très patiente avec la petite brune. Au fil des années, Eileen a développé une relation très fusionnelle avec elles. L’adolescente ne s’attendait pas du tout à une réaction négatives de la part de ses parents, elle savait pertinemment que ses mamans la soutiendrait, comme elle l’avait toujours fait. Alors, de derrière son dos, elle sortie le dossier d’inscription qu’elle avait imprimé un peu plus tôt et le posa sur la table, toute fière. Et puis, attrapant une pomme verte dans le pot à fruits, elle sortie de la cuisine et remonta dans sa chambre.

« Monsieur Colwes, vous nous avez dit avoir vu la victime, Krissy Jagger le soir de son accident, est-ce exact ? ». La jeune avocate se tient droite, le menton relevé, ses yeux noisettes plantés dans le regard de l’accusé à la barre, ses cheveux bruns noués en un chignon très chic. Elle connaît son métier, elle sait ce qu’elle fait. Très sûre d’elle, elle ne montre aucune faille et poursuit son intervention, le ton dur, jetant des regards au jury de temps à autres. La jolie brune a bien grandi depuis son adoption. Elle est désormais une grande avocate, sortie première de sa promo, elle a pu se perfectionner au côté du plus grand à ses yeux. Elle a appris du meilleur et sait utiliser ses compétences. Eileen a quitté le nid familial juste après avoir reçu son diplôme il y a quatre ans. Elle vit dans un petit appartement du centre ville de Londres et va manger chez ses mamans tous les dimanches. Toujours aussi timide et renfermée, la brune a eut quelques histoires mais n’a jamais trouvé la perle rare. Cependant, elle ne désespère pas, c’est à peine si ça la trouble. Elle considère que l’amitié passe bien avant tout et profite de son temps libre pour sortir avec ses amis.